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Edward Hopper, et l’Amérique devint bizarre

, 07:31

Hopper train Juan Jijako.gif, nov. 2015
gif animé par Juan Jijako, cliquez sur le tableau pour faire défiler le paysage (4083 partages)
"L'art d'Edward Hopper incarne “le meilleur de la tradition américaine”, disait Jo, la femme du peintre. Pourtant, quand on entre dans le cadre, lumière, attitudes, composition, c'est l'insolite qui frappe.

Voir aussi le portfolio interactif « Zoom sur l’œuvre d’Edward Hopper »


Compartiment C, voiture 293 est un tableau magnifique. Beaucoup de tableaux du peintre américain Edward Hopper sont magnifiques, mais celui-là l'est particulièrement. C'est un tableau vert. Josephine (dite Jo), la femme d'Edward (dit Ed), l'appelait d'ailleurs ainsi, « le tableau vert ». Il montre une femme blonde, élégante, vêtue d'une robe de couleur prune (quetsche). Elle est assise dans le compartiment d'un train. Les murs et le mobilier du compartiment sont verts. Seul l'appuie-tête est blanc, à sa base violacé. La femme lit. La plupart des commentateurs la voient lire un magazine, mais il faut toujours se méfier de ce que Hopper fait lire aux femmes. Dans Chambre d'hôtel, par exemple, peint en 1931, une jeune femme dévêtue, assise sur un lit, paraît absorbée par la lecture d'un roman. Or elle tient dans ses mains « un indicateur de chemins de fer ». On le sait parce que Jo l'a noté dans le registre où, une fois un tableau achevé, Ed dessine l'œuvre à l'encre noire que Jo, ensuite, de son écriture ronde décrit.
Jo est un personnage. Edward Hopper l'a épousée en 1924 – il avait 36 ans et Jo s'appelait alors Josephine Verstille Nivison. Elle est peintre. Ed ne la quittera jamais. Mais Ed n'est pas le genre à quitter. En 1913, il s'installe à Washington Square, à New York, dans un appartement-atelier duquel, malgré le succès et la fortune, il ne déménagera jamais – il y mourra en 1967. En 1924, il montre ses aquarelles dans la ­galerie Frank Rehn, qui lui organise sa première exposition personnelle et où il restera toute sa vie. Quant à Jo, jalouse comme une tigresse, elle sera son seul modèle féminin. Hopper est un homme fidèle. Jo, elle, est une emmerdeuse. Elle s'est « sacrifiée » pour Ed, dit-elle, lui a laissé l'atelier, et ne cesse de le lui reprocher. En 1946, elle commence même une grève de la faim pour protester contre l'indifférence d'Ed et du Whitney Museum pour son œuvre. Frank Rehn réglera le problème par un petit accrochage dans sa galerie. Le photographe Arnold Newman raconte que le couple ne cessait de se disputer. Quand il voulait photographier Ed, Jo venait sans cesse se placer dans le champ. Etre dans la plupart des tableaux de Hopper ne lui suffisait donc pas. Puis il a compris que c'était leur façon de fonctionner. Jo admirait Ed. Dans son journal, elle écrit : « L'art de E. Hopper est tellement fondamental que l'on peut le comparer à Abraham Lincoln ou George Washington pour représenter le meilleur de la tradition américaine. » Il est probable qu'Ed devait aimer l'admi­ration que Jo lui portait. Elle tenait avec application ses registres. Elle l'accompagnait partout. Ils apprenaient l'espagnol ensemble. Et se fâcher continuellement avec elle devait l'arranger en lui réservant les longues plages de silence et de solitude dont il avait besoin. Hopper est un taiseux. Pour savoir à quoi ressemblait Jo en 1938, il suffit de regarder la femme à la robe sombre dans le compartiment vert. C'est elle qui lit. Les femmes lisent souvent dans les tableaux de Hopper. Ou elles pensent. Ou elles rêvent. Elles sont parfois dénudées. Elles ne correspondent pas à l'image de la ménagère américaine. C'est peut-être pourquoi les femmes aiment beaucoup la peinture de Hopper : il les émancipe. Il ne les couvre pas de bijoux – Ed les détestait – mais les rend sexy. C'est une manière héritée de Courbet (Les Demoiselles du bord de Seine, 1856) dont Hopper a admiré la peinture lors de ses trois voyages en Europe (principalement à Paris) entre 1906 et 1910. C'est pourquoi sa Jo (Portrait de Jo, 1936) ressemble tant à l'autre Jo (Joanna Hiffernan), peinte par Courbet en 1865. Donc Jo lit. Hopper la vêt d'une robe stricte, la dote d'une forte poitrine, et dévoile légèrement le genou. On parle souvent de la Maison près de la voie ferrée (1925) comme modèle pour la maison de Psychose (1960) d'Alfred Hitchcock, mais il semble bien que le principal point commun entre le peintre et le cinéaste (qui adorait Hopper) soit cette figure de femme ambiguë, à la fois sage et sexuelle. Si l'on se reporte au registre, Jo écrit que la femme lit le New Yorker, que sa robe est « en jersey de laine violet », et qu'à ses côtés est posé le magazine Reader's Digest. Ed ajoute de son écriture fine et nerveuse : « Toile belge, couleurs Rembrandt, blanc de plomb, huile de lin. » Et puis il y a ce vert, un certain vert, somptueux, mélange « d'oxyde de chrome et de cadmium », écrit Jo. Un vert impossible à trouver sur le mur d'un compartiment d'un wagon de chemin de fer américain, ­aussi impossible que la hauteur du plafond de ce compar­timent, l'éclairage (on y reviendra) ou le paysage crépus­culaire entraperçu par la fenêtre. C'est le côté étrange de Hopper. Le tableau paraît réaliste, mais quand on en regarde les détails, tout devient bizarre. Les gens sont souvent seuls, leurs attitudes, insolites, les rues, désertes, les pièces, vides, les paysages, inhabités, les points de vue, décalés, les lumières, artificielles... On n'y retrouve pas les signes caricaturaux des Etats-Unis : peu ou pas de voitures, pas de gratte-ciel, pas de grands espaces, pas de signes religieux, pas d'excitation, pas de foule, pas d'hystérie... Et pourtant, rien ne nous paraît plus américain qu'un tableau de Hopper, au point que de nombreux cinéastes, de Robert Siodmak (Les Tueurs, 1946) à Wim Wenders (The End of violence, 1997) et David Lynch (Mulholland Drive, 2001), s'en sont inspirés. Hopper peint une Amérique sans fard. Elle ressemble à ses femmes, stricte, engoncée dans une morale rigide mais ambivalente, à la fois froide et libidinale. Une assemblée de solitaires la compose, portant la sourde mélancolie d'un lointain déracinement.
Hopper adorait donc l'Amérique sans tendresse excessive. « Nos traits nationaux peuvent être si simplistes et étriqués qu'ils en paraissent puérils à des peuples plus subtils et plus raffinés », écrivait-il. L'un de ces peuples trouve une grâce particulière à ses yeux : le peuple français. De ses séjours parisiens, Ed gardera ­toujours un amour pour la culture française, pour sa peinture bien sûr, au premier rang de laquelle figurent Courbet, Degas et les impressionnistes, mais aussi pour sa littérature et sa poésie. Il récitait par cœur Verlaine et Rimbaud. Il ­lisait Mallarmé et Montaigne. Pourtant le même homme, en 1927, écrit : « L'art américain devrait être sevré de sa mère française. » L'art américain, en 1927, qu'est-ce que c'est que ça ?
C'est une idée obsédante – elle obsédera vingt ans plus tard Robert Rauschenberg. Hopper rêve d'un art amé­ricain autonome, cessant d'être une pâle copie de l'art européen. A la modernité européenne (Picasso n'a qu'un an de moins que lui), il oppose, bien que nourrie par la peinture française, sa vision américaine. En 1934, dans une interview au magazine Time, il devient plus catégorique : « La spécificité américaine d'un peintre est innée – il n'a nullement besoin de la rechercher. » Autrement dit : il suffit de ne plus copier l'Europe, d'être soi-même, et le reste suivra. Reste à savoir en quoi consiste cette « spécificité américaine ». Il ne faut pas la confondre avec le regard ironique que pose Hopper sur l'Amérique, cet univers beckettien où les êtres semblent attendre quelque chose qui n'arrivera ­jamais – le rêve américain ? Parlant de l'œil de son confrère John Sloan (1871-1951), très influencé par l'art français, Hopper emploie le mot « frais ». Derrière le compliment s'entend un autre mot : naïf. L'art venant d'Amérique est entaché de naïveté, pense Hopper. Aussi décide-t-il, porté par sa passion pour le théâtre et son organisation visuelle (à New York, Jo et Ed voient toutes les pièces qui se montent, qu'elles soient classiques ou contemporaines comme celles d'Ibsen), aussi décide-t-il de jouer avec cette naïveté. C'est d'abord une affaire de composition où le peintre excelle : donner l'illusion de la simplicité. Rien de plus évident que la femme lisant dans le compartiment vert – et l'exactitude du titre, Compartiment C, voiture 293, semble le con­firmer. Or, dans la réalité, la voiture 293 n'existe pas – pas plus que n'existent le vert, ce type de compartiment, le paysage crépusculaire et la lumière. D'ailleurs, cette lumière, d'où vient-elle ? La lampe est éteinte. Les ombres suggèrent qu'elle provient du couloir, mais comment le couloir d'un train à la tombée de la nuit peut-il projeter sur une femme une lumière solaire d'une telle crudité ? Voilà donc l'étrangeté posée. Quelque chose d'artistiquement impur vient troubler ce qu'un regard hâtif prendrait pour du classicisme – mais classique, Hopper l'est aussi par ses dessins préparatoires, ses esquisses, ses études de mouvement, sa touche. Une lumière merveilleuse inonde le compartiment alors que le paysage fantomatique, avec sa route « blafarde » sous un pont « blanchâtre » (les précisions sont de Jo), semble un mauvais présage. Où va cette femme, vers le bonheur ou le malheur ? Quelle est la nature du calme absolu ­régnant sur les magnifiques paysages désertés (Collines au sud de Truro, 1930) ? Où est-on dans un tableau de Hopper : dans une comédie ou une tragédie ? Ainsi se définit la « spécificité américaine » : par l'ambiguïté et le décalage, ce que l'on retrouvera chez Rothko (abstraction ou paysage ?), Rauschenberg (sculpture ou peinture ?) ou, plus récemment, Christopher Wools (peinture, photographie ou imprimerie ?). Hopper en est le précurseur. « Je suis probablement un solitaire », disait-il. Et probablement l'inventeur de l'art américain."

source : Télérama

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encore une révélation sur La Dame à l'Hermine : à l'origine, Cecilia Gallerani aurait été représentée par Léonard de Vinci sous les traits d'une biche

, 06:50

Corine_Perier_La_Dame_a_l_hermine_Leonard_de_Vinci.jpg
tableau : Corine Perier

"Une campagne d'analyses photographiques en très haute résolution permet de mieux comprendre le processus créatif du maître toscan lorsqu'il composa ce portrait, considéré comme la Joconde du Musée Czartoryski de Cracovie.

Bien que magistrale, la rétrospective consacrée aux années milanaises de Léonard de Vinci, en 2011-2012 à la National Gallery de Londres, n'en soufflait mot. La fameuse Dame à l'hermine, portrait de Cecilia Gallerani, une des maîtresses du duc de Milan Ludovic Sforza, recelait quelques secrets spectaculaires que le laboratoire parisien d'expertises Lumiere Technology révèle aujourd'hui. Au départ, l'hermine n'existait pas. La position du bras a été modifiée, la main qui tient délicatement l'animal a été amplifiée et un voile bleu a été ajouté sur l'épaule gauche en contrepoint, afin de restaurer l'équilibre général de la composition et des couleurs. Cela apparaît dans l'analyse des quelque 1500 images de l'œuvre prises par une caméra multispectrale. Cet appareil, déjà utilisé pour La Joconde et qui a été acheminé pour l'occasion au Musée Czartoryski de Cracovie, où le tableau est conservé, est un prototype épatant. Il offre l'avantage d'explorer une image peinte, sur toile ou sur bois comme c'est le cas ici, de manière non invasive, en donnant à voir toutes les couches une à une jusqu'à la plus profonde, avec une définition record de 240 millions de pixels pour les plus précises. Au point de voir chaque cil microscopique du ravissant visage de la jeune aristocrate… Une bête étrange

Riche de ces données, Pascal Cotte, l'ingénieur de Lumiere Technology, étaye aujourd'hui une hypothèse dans une étude à paraître (*). Léonard aurait d'abord peint un portrait traditionnel, un peu comme celui de La Belle Ferronière ou celui de La Joconde, conservés au Louvre. «On remarque parmi les repentirs les doigts de la main droite posés sur le bras gauche. Comment imaginer dans cette configuration une hermine? Elle tiendrait seule contre la poitrine tandis que les deux mains feraient autre chose?»
Une hermine intermédiaire (ci-dessus) a été peinte par l'artiste avant qu'il ne choisisse de la finaliser en un animal hybride. Ensuite, et c'est également visible sur les photos des très minces couches de peinture sous-jacentes, le peintre serait arrivé à un état intermédiaire. Il aurait ajouté un animal plus petit et plus réaliste que la bête étrange que l'on voit aujourd'hui. Il l'aurait finalement «musclée», lui donnant cette apparence curieuse, un peu léonine. Cet hybride qui tient à la fois du furet, de la belette et de la fouine avec des pattes de chien symboliserait l'honneur chevaleresque et le courage du duc. Ce serait une image héraldique.
Il est vrai que Ludovic avait reçu du roi Ferrante de Naples l'ordre de l'Hermine en 1486, à la suite de quoi on l'a surnommé l'«Italico morel, bianco eremellino» ( le «Maure italien, hermine blanche») - une formule jouant sur le thème du noir et du blanc, de l'ombre et de la lumière, bien dans le goût de Léonard.
La Dame à l'hermine serait ainsi une sorte de portrait double en raison de la dimension politique de son iconographie. Voilà l'un des treize tableaux du génie toscan (si l'on compte La Bella Principessa , œuvre sur parchemin récemment découverte) largement élucidé. Mais pas complètement. Comme la belette est un animal talismanique sensé protéger la parturiente au Moyen Âge, certains spécialistes ont en effet pensé que Cecilia Gallerani, âgée alors de 15 ans ou un peu plus, avait été représentée enceinte. L'hermine cacherait-elle un ventre arrondi? «Mais l'examen du dessin de la robe derrière l'animal renverse cette hypothèse, affirme Pascal Cotte. La robe aux entrelacs brodés d'or, signe d'abondance, de richesse et de pouvoir, est trop serrée. Sauf si ce portrait, peint sur une planche de noyer autour des années 1490 à la cour de Milan, date des premières semaines de grossesse; ou qu'il évoque un possible devenir, l'hermine symbolisant l'enfant.»
À travers la figuration imagée, tout laisse plutôt à penser que c'est bien Ludovic que Cecilia tient dans ses bras: cet homme de guerre victorieux était son amant depuis 1489. Léonard a retenu la blancheur de l'hermine pour la pureté et la tempérance. Et, plutôt que le caractère chétif d'un petit mammifère au museau attendrissant, il a créé pour la gloire de son maître un concentré de roi des animaux."

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la chambre noire

, 06:22

Roy_Nachum_la_chambre_noire.jpg
tableau : Roy Nachum

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les missiles du voisin

, 16:25

Miron_Zownir_quand_les_missiles_arrivent_en_ville_Sebastopol_Crimee_2013.jpeg
photographie : Miron Zownir : Sébastopol, Crimée, 2013

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le mur

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Deni_Gemignani_le_mur.JPG
photographie : Deni Gemignani

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